Journée internationale des enfants en situation de rue 2024

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On compte aujourd’hui 244 millions d’enfants non-scolarisés dans le monde1. Ce chiffre est une approximation raisonnable de l’ampleur du phénomène des enfants en situation de rue*. Ces sont les grands oubliés des systèmes éducatifs. Pourtant, comme tous les autres enfants, ils ont le droit à une éducation gratuite et de qualité. 

Notre campagne a débuté le 12 mars avec notre évènement « Garantir l’accès à l’éducation », en présentiel à Genève et diffusé en ligne. Ronaldo et Elia, deux enfants qui ont connu la rue à Madagascar sont venu témoigner de leur vécu. Au total, nous étions 110 personnes à Genève et plus de 600 à les écouter en ligne :

 ÉVÈNEMENT 12 MARS 2024

Des solutions existent pour assurer aux enfants en situation de rue une éducation, il est urgent d'agir !

L’éducation, c’est aussi pour les enfants en situation de rue ! #EducationInclusive

1. Une politique globale dédiée aux enfants en situation de rue

On observe de plus en plus de décrochage scolaire et d’enfants qui se retrouvent dans la rue. La Banque Mondiale a déclaré 2023 comme l’année des inégalités avec une augmentation de la pauvreté, en particulier dans les pays les plus pauvres et  fragilisés2. Dans la majorité des pays, les enfants en situation de rue ne reçoivent aucune aide de l'Etat : très peu de pays ont créé une politique qui leur est destinée

Ils sont très marginalisés et leurs droits ne sont pas respectés, notamment dans leur accès à l’éducation ou à la santé. Ils ont besoin d’une attention particulière et d’actions ciblées pour accéder à leurs droits et assurer la scolarisation de ces enfants.

Nous recommandons aux Etats de développer, en collaboration avec la société civile, une politique globale et intégrée pour les enfants en situation de rue afin de les soutenir dans l’accès à leurs droits, en particulier à l’éducation.

2. Investir dans l'éducation

La pandémie de COVID-19 a eu des effets dévastateurs sur l’éducation, causant des pertes d’apprentissage dans 80% des pays du monde3. Sans investissement de l’Etat, les systèmes éducatifs sont défaillants et inaccessibles pour les enfants en situation de précarité, de rue. Les professeurs qualifiés et les écoles manquent, surtout dans les quartiers défavorisés, les classes sont surpeuplées et le matériel pédagogique n’est pas adéquat. Dans beaucoup de pays, recevoir une éducation veut dire payer des frais scolaires, un uniforme, parfois même le salaire des enseignants. Tout cela est hors de portée pour les enfants en situation précaire. Rendre l’école accessible aux enfants en situation de rue n’est possible qu’en développant le nombre d’enseignants, les infrastructures scolaires de base, un système de cantine et des activités extra-scolaires.

Nous recommandons aux Etats de fixer le financement de l’éducation comme priorité nationale d’investissement et ainsi rendre l’enseignement gratuit et obligatoire, augmenter le nombre d’enseignants, offrir un service de cantine et améliorer les infrastructures scolaires de base.

3. Lever les barrières administratives

Souvent, c’est parce que l’école n’est pas accessible que les enfants se retrouvent en situation de rue, faute d’alternative. De nombreuses barrières administratives entravent le chemin de l’école pour ces enfants : avoir un acte de naissance est souvent une condition obligatoire pour s’inscrire à l’école ou passer les examens. Or, 1 enfant sur 4 de moins de 5 ans n’est pas déclaré selon l'UNICEF4. Rendre les procédures d’inscription à l’école gratuite et flexibles pour les enfants sans document d’identité est une solution.

L’école représente un manque d’investissement et un manque à gagner pour les familles et les enfants en situation de précarité. Travailler devient la seule alternative. Aujourd’hui, 160 millions d’enfants travaillent dans le monde5. La scolarisation de ces enfants est possible grâce à l’accompagnement des familles en situation de précarité et de rue.

Nous recommandons aux Etats de lever les freins à l’accès à l’éducation en facilitant l’obtention des actes de naissance des enfants non-inscrits à l’Etat civil et en adaptant les procédures d’inscription de l’école publique en termes d’exigences administratives et d’âge pour garantir leur scolarisation.

4. Mettre en place des alternatives éducatives

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Les enfants en situation de rue sont fréquemment déscolarisés ou en décrochage scolaire. Sans soutien d’acteurs externes, comme la société civile, réintégrer l’enseignement public relève de l’impossible. Il n’existe généralement pas, de dispositifs de remise à niveau . Un enfant qui souhaite commencer ou reprendre l’école, doit intégrer une classe dont la moyenne d’âge est largement inférieure au sien. Cela débouche souvent sur un refus d’admission de la part de l’école ou sur un abandon. 

Sans pédagogie adaptée à leur réalité, les jeunes se découragent et peinent à progresser pour se réintégrer au système. D’autant plus que le processus d’apprentissage de ces enfants est parfois plus complexe en raison d’épisodes traumatiques, de difficultés financières et familiales. 

Nous recommandons aux Etats de mettre en place des alternatives éducatives telles que les classes intermédiaires de remise à niveau avec une pédagogie adaptée aux besoins des enfants en situation de rue et favoriser, en collaboration avec la société civile, la passerelle entre l’éducation informelle et formelle.

5. Combattre la stigmatisation

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Quand un enfant en situation de rue peut retourner à l'école, il est très souvent discriminé et stigmatisé au quotidien à l’école, par ses camarades, par ses professeurs. Ces enfants sont généralement exclus de la société, stigmatisés et perçus comme des délinquants. Ces discriminations perdurent malheureusement dans le système scolaire et les écoles. Heureusement, il existe de nombreux outils pour aider les enfants à s’épanouir au sein de nos sociétés : 

La formation des enseignants, ainsi que la sensibilisation des écoliers aux droits et aux réalités des jeunes en situation de rue permettent de lutter efficacement contre la stigmatisation. Cela favorise leur intégration, mais aussi leur réussite scolaire !

6. Adapter la formation professionnelle

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La formation professionnelle représente une opportunité formidable pour les jeunes en situation de rue de se réinsérer dans la société. Pourtant, intégrer une formation publique est très difficile sans un diplôme d’étude officiel : avoir le niveau requis ne suffit pas !  Souvent, les formations professionnelles délivrées par la société civile pour les jeunes en situation de rue ne sont pas reconnues par l’Etat, les privant de tout enseignement supérieur ou technique. 

Plusieurs moyens permettent de répondre à cette problématique. Il est d'abord indispensable d’adapter les conditions d’admission : assouplir les limites d’âge, les exigences de certification scolaire et de reconnaître les formations antérieures délivrées par d’autres instances. Il est aussi essentiel de reconnaître l’expérience professionnelle déjà acquise par ces jeunes, pour leur permettre d’accéder aux dispositifs étatiques.

Nous recommandons aux Etats d'adapter la formation professionnelle en assouplissant les conditions d’accès et reconnaître les formations et diplômes délivrés par d’autres organismes tels que la société civile pour favoriser l’intégration de ces jeunes.

Sources :

1UNESCO. 244 millions d'enfants privés de rentrée scolaire. 2022
2Banque Mondiale. 2023 en neuf graphiques : les inégalités se creusent dans le monde. 2023
3ONU. Objectif 4 : Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie. 2024
4UNICEF.Un quart des enfants du monde restent « invisibles ». 2019
5OIT. Le travail des enfants atteint 160 millions – en hausse pour la première fois depuis 20 ans. 2021.